Sara Ouhaddou interroge l’Histoire à travers des objets séculaires. Entre investigation sur leurs généalogies, dissection de leurs fonctions et extrapolation de leurs formes, elle les (re)fabrique avec la collaboration d’artisans chevronnés. Sa démarche prend racine dans la volonté de réécrire les liens qui unissent ses pays d'origine, le Maroc et la France, croisant encore d’autres géographies à la fois lointaines et intimes qui lui sont propres. Traversée par un alphabet personnel, son œuvre synthétise les principes de la calligraphie arabe, la puissance évocatrice de la poésie amazighe et la précision de la géométrie islamique dans une abstraction pluriverselle. Si ses œuvres bravent les contraintes techniques et défient échelles et supports, elles sont surtout prétexte à raviver un geste ancestral. Ouhaddou exhume les vies antérieures des objets. Ensemble, avec la complicité d’artisans, ils racontent les rapports de dominations, tentent de faire perdurer des traditions menacées comme pour conjurer un destin uniformisé par la globalisation. À travers Display, qui résulte de la collaboration entre le MACAAL et l’IFA gallery, l’artiste questionne le rôle de l’art comme outil de développement économique et social. Plus que des commandes réalisées, l’artiste réflechi l’autonomisation de ses complices. Au-delà d’inverser le protocole de commande que fait l’artiste à l’artisan, cette exposition vise à déconstruire le processus créatif et productif inhérent à l’approche plastique.